DOSSIER – Les nikkei, brésiliens d’origine japonaise (1/3)

Affiche pour l'immigration (années 30)

On estime à 1,5 millions le nombre de brésiliens descendants d’immigrés japonais, le Brésil étant le pays où l’on trouve le plus de japonais en dehors du Japon. Entre intégration et revendication identitaire, les nikkeis occupent une place particulière dans le patchwork de la société brésilienne. Lepetitjournal.com vous propose un dossier spécial sur la communauté japonaise au Brésil. Pour ce premier volet : un peu d’Histoire…

En 1908, le Kasato-Maru, accoste dans le port de Santos, transportant 781 japonais venant s’installer sur le sol brésilien. Cette expédition s’inscrit dans le cadre d’un accord diplomatique entre les deux pays, le Japon étant alors en pénurie alimentaire et le Brésil en manque de main d’œuvre. Les premiers japonais travaillent dans les plantations de café, tentant de s’adapter à des conditions de vie très différentes de celles du Japon. En trente ans,

Ryu Mizuno (centre) qui organisa le premier voyage

environ 200.000 japonais immigrent  et commencent à former des colonies autonomes. Dans les années 30, certains de ces japonais s’installent en Amazonie et parviennent à cultiver le poivre, ainsi que de nouveaux types de melons et de papayes. Par la suite, les nikkei commencent à s’implanter dans le commerce et l’industrie. Cette première génération, les « isseis », est marquée par une forte nostalgie de la terre natale et la volonté de perpétuer la tradition japonaise, ce qui entrave souvent leur intégration dans la société brésilienne.

Le tournant de la Seconde Guerre Mondiale
Après une pause pendant le début du conflit, l’immigration japonaise reprend mais rencontre des difficultés sous le gouvernement de Getulio Vargas. Lorsque le Brésil déclare la guerre au Japon, les nikkei sont persécutés, la langue et les manifestations culturelles japonaises sont interdites. L’immigration connait une nouvelle vague à partir de 1952. En parallèle, apparaît la seconde génération de nippo-brésiliens, les « nisseis », premiers japonais à naître sur le sol brésilien.  Cette période est également marquée par la décision pour beaucoup  d´entre eux de rester au Brésil. De nombreuses entreprises japonaises s’´y installent et participent au développement économique du pays. De 70 en 1962, on en compte plus de 250 dans les années 70, pour dépasser les 400 aujourd’hui.  Les nikkei de troisième génération sont appelés « sanseis » et constituent l’essentiel de la communauté japonaise actuelle. Ils ont une approche très particulière de la culture japonaise, et se revendiquent avant tout brésiliens. Quant à elles, les deux dernières générations, les yonseis et rokuseis, se sentent encore plus éloignées de la culture de leurs ancêtres. La majorité ne parle pas la langue et une grande partie des descendants de japonais sont de culte catholique, seul 25% ayant conservé le culte bouddhiste ou shinto.

Le retour à la Terre des Ancêtres

Pavillon japonais au Parc Ibirapuera (São Paulo)

En 1949, a lieu le premier voyage de nikkei au Japon en tant que touristes. Ces descendants de japonais ayant toujours vécu au Brésil découvrent la terre de leurs parents ou grands-parents. Dans les années 80, le Japon, en manque de travailleurs encourage le « retour au pays » des nippo-brésiliens. À la même époque sont aussi organisés les premiers échanges universitaires entre le Brésil et le Japon. Mais souvent les nikkei, bien qu’ayant grandi dans la culture japonaise, sont un peu perdus à leur arrivée sur le territoire japonais. L’immigration au Japon est considérée comme une chance pour les nikkei car les salaires y sont nettement plus élevés. Les dekasseguis comme on les nomme sont souvent ouvriers dans le secteur automobile ou électronique. Certains ne parlent pas la langue et se sentent en décalage avec ce pays qu’ils ont si souvent imaginé. Environ 300.000 japonais descendraient de nippo-brésiliens, constituant la plus grande communauté lusophone asiatique.
Mais avec la crise économique, une grande partie des dekasseguis, travailleurs brésiliens au Japon, ont dû rentrer au Brésil, perdant ainsi leur travail et subissant une perte de niveau de vie très importante. ‏Après une difficile adaptation au Japon, le retour des dekasseguis est souvent délicat car ils ne se sentent ni réellement brésiliens ni totalement japonais.

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo) lundi 11 octobre 2010.
A visiter :
Museu Histórico da Imigração Japonesa no Brasil
Rua São Joaquim, 381 – Liberdade
Ouvert du mardi au dimanche de 13h30 à 17h30
Entrée 5R$ (2,5 R$ pour les étudiants, 1R$ pour les enfants, gratuit pour les plus de 65 ans)

DOSSIER – Les nikkei, brésiliens d’origine japonaise (2/3)

Dans le cadre d’un dossier consacré à la communauté japonaise au Brésil, voici un second volet dédié à l’apport des nikkei dans la société brésilienne contemporaine. Si les nippo-brésiliens ont participé à la constitution du patchwork culturel qu’est le pays, l’influence est réciproque. En effet, la culture nippo-brésilienne aujourd’hui est dotée de particularités qui lui sont propres, se distinguant d’une simple exportation des us et coutumes japonais

La célébration du centenaire de l’immigration japonaise en 2008 a été l’occasion de s’intéresser de plus près à la culture des nikkeis, à son degré de similitude avec la culture japonaise contemporaine, à ses différences mais également à ce que les nippo-brésiliens ont apporté au pays. Dans une ville comme São Paulo où vivent plus de 370.000 nikkeis, il est des domaines où leur présence est ostensible, il en est d’autres où on la soupçonne bien moins.

Les améliorations en matière agricole et l’impact économique
A leur arrivée, les premiers japonais immigrés ont travaillé dans les exploitations de café mais très vite se sont tournés vers l’agriculture, les apports dans ce domaine étant très importants. Les immigrants japonais ont par exemple réussi, non sans peine au début, à cultiver des fruits et des légumes dans l’Amazonie, phénomène inédit en raison de l’hostilité du climat. Les Japonais ont amené au Brésil de nombreux fruits et légumes alors inconnus ici. En tout, ce serait plus d’une cinquantaine de produits alimentaires que l’on doit aux nikkeis parmi lesquels se trouvent le kaki, la pomme Fuji ou encore la fraise. Outre l’amélioration des techniques agricoles, les immigrants japonais sont à la base de l’introduction du soja et de ses différents usages. Ils ont également développé considérablement  l’aviculture brésilienne ainsi que la pêche.

L’immigration japonaise a aussi contribué au développement économique du pays, d’abord par le renfort en main d’œuvre puis par l’implantation sur le sol brésilien d’entreprises japonaises, surtout entre 1968 et 1973. Selon une enquête du JETRO – Organisation du Commerce Extérieur du Japon- réalisée en 1988, elles étaient à cette date plus de 500. Un accord de coopération économique entre le Brésil et le Japon a été mis en place au début des années 2000 pour faciliter les échanges de marchandises, succédant à des tentatives de projets nippo-brésiliens comme Centibar en 1974 (papier),  Albret en 1977 (aluminium) ou encore en 1982 Projet Carabes (minerais de fer)

Des activités revisitées à la « brésilienne »
Les immigrés japonais en s’installant au Brésil ont amené leurs pratiques culturelles et sportives. Ainsi, parmi les activités les plus courantes se trouvent l’origami ou le taïko – musique de percussion – et dans le domaine sportif le judo et le tennis de table. Selon la légende, ce sont également eux qui auraient  importé le baseball au Brésil  Ces activités traditionnelles  connaissent un regain d’intérêt parmi la dernière génération. Phénomène intéressant, il arrive que les pratiques culturelles des nikkeis soient celles des premiers immigrants, et non celles du Japon contemporain. Le karaoké a été amené par les immigrants japonais, faisant de nombreuses adeptes brésiliens.

Les nikkeis se sont également en quelque sorte réappropriés la culture brésilienne et crée des hybrides assez inattendus. On peut citer par exemple les écoles de samba nippo-brésiliennes, ou encore la sakerinha, caïpirinha à base de saké. De nombreuses cérémonies japonaises sont célébrées comme Tanabata Matsuri – Festival des étoiles- ou Hanamatsuri – fête des fleurs et anniversaire de Bouddha au mois d’avril, encore le Festival du Japon (juillet).

Au niveau gastronomique, l’immigration a apporté sa petite touche faisant découvrir aux Brésiliens les sushis qui sont désormais assez répandus, même dans les kilos ou autres restaurants populaires. Les temakis, sushis en « cône », sont quelque peu personnalisés à la brésilienne, puisque que parfois ils sont servis avec de la mayonnaise ou de la crème de fromage. Bien qu’étant un plat d’origine chinoise, le yakisoba – nouilles aux légumes et poulet –  est très apprécié des Brésiliens.

Et la politique dans tout ça ?
Le premier nikkei à entrer dans le monde politique a été Yukishige Tamura dans les années 50, en tant que député de l’Etat de São Paulo. Il a été élu pour représenter les intérêts des nippo-brésiliens suite au mécontentements de teinturiers japonais après l’adoption d’une mesure gouvernementale d’abaissement de leurs honoraires. Trois ans auparavant, il avait été le premier immigré japonais à exercer une fonction législative à la Chambre Municipale de São Paulo. La carrière politique de Yukushige Tamura ne s’arrêtera pas là puisqu’il siègera à l’Assemblée de l’Etat de São Paulo.

Par la suite, d’autres nikkeis se sont investis dans la vie politique du pays. En 1962, six nikkeis ont été élus lors des législatives. La même année,  Yoshifumi Uchiyama, Antonio Morimoto et Diogo Nomura ont été élus à São Paulo. En 1996, Curitiba, où vivent plus de 36.000 nikkeis, élit pour la première fois un maire nippo-brésilien, Cassio Taniguchi. Autre nikkei ayant marqué la vie politique brésilienne, Paulo Seiti Kobayashi  a été député à plusieurs reprises sous la présidence de Cardoso. Actuellement, trois nippo-brésiliens siègent à l’Assemblée Fédérale du Brésil.

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo) mercredi 10 novembre 2010

DOSSIER – Rencontre avec Ricardo Miyajima, photographe nippo-brésilien (3/3)

Pour ce dernier volet du dossier consacré à la communauté nippo-brésilienne à São Paulo, lepetitjournal.com vous propose un portrait : Ricardo Miyajima, jeune photographe nikkei

Ricardo Miyajima, 34 ans, est un sansei, c’est-à-dire qu’il fait partie de la troisième génération de descendants d’immigrés japonais. Après une formation en arts plastiques à São Paulo, il s’est tourné

vers la photographie et travaille actuellement pour Made in Japan – un journal en ligne traitant de la culture nippo-brésilienne. Le jeune homme parle japonais, mais avoue ne pas le maîtriser parfaitement. C’est en prenant des cours qu’il l’a finalem

Photo de Ricardo Miyajima

ent appris, la famille ne l‘employant pas. L’héritage japonais de ses parents, se retrouve, d’après lui, dans l’éducation qu’il a reçue. Ricardo pratique également des activités japonaises telles que le taïko, la cuisine japonaise ou encore la peinture traditionnelle. Si être nippo-brésilien influence son travail ? « C’est évident, selon lui, notamment au niveau de l’esthétique ». L’imaginaire japonais est omniprésent dans ses photographies et ses peintures, à travers les sujets choisis mais également le regard porté.

De son année vécue au Japon en 1993

Photo de Ricardo Miyajima

, il retient le se

ntiment d’une

« étrange familiarité ». Ses impressions sur le pays de ses ancêtres ont été assez paradoxales – «  Les personnes, les lieux et même les paysages me paraissaient naturels, comme si je revenais après une longue absence ». Il se souvient également d’avoir été surpris par le sens de l’organisation, de sécurité et aussi par la ponctualité des bus…

Cependant, le photographe n’imagine pas s’installer définitivement au Japon et y construire une famille. « La différence culturelle est énorme, mais celle des mentalités est bien plus grande encore ». Ricardo « préfère le relationnel brésilien ». Il déplore également le manque d’activités créatives, ce qui le gêne en tant qu’artiste. Il envisage toutefois de retourner là-bas de manière temporaire pour étudier. Ricardo se sent en effet très proche de la culture japonaise actuelle, elle fait partie de son identité. Pour lui, « elle n’est en aucun cas incompatible avec le fait d’être brésilien ».

Déjà connecté au Japon grâce à son activité, il pense que la prochaine génération de nippo-brésiliens sera encore un peu plus en relation avec la terre de leurs ancêtres. Cela est dû notamment au développement croissant des moyens de communication qui offrent désormais de nombreuses options pour découvrir de chez soi la culture japonaise, ce qui n’était pas le cas pour les générations précédentes.

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo)

 

INTERVIEW – Serge Avédikian, invité de la Mostra Internationale de Cinéma

Récent vainqueur de la Palme d’Or du meilleur court-métrage du 63ème Festival de Cannes avec Chienne d’Histoire, Serge Avédikian a une place à part dans le paysage cinématographique français. L’acteur et réalisateur de court-métrages franco-arménien est membre du Jury international de cette trente-quatrième Mostra Internationale de Cinéma qui se déroule jusqu’au 4 novembre à São Paulo. Rencontre avec un poète du 7ème art, grand promoteur de la créativité, n’ayant pas peur à sortir des sentiers battus

Présentant pas moins de 400 films de tous types et toutes nationalités en moins de deux semaines, la Mostra confirme la passion de São Paulo pour la culture. 77 films français y sont présentés, allant du plus diffusé comme Tournée de Mathieu Almaric, Carlos d’Olivier Assayas ou encore Hors la Loi de Rachid Bouchareb à ceux moins connus du grand public comme L’arbre de Julie Bertucelli, L’inattendue de Benoit Magne ou encore Ich bin eine Terroristin de Valérie Gaudissart. Les court-métrages de Serge Avédikian font l’objet pour la première fois d’une rétrospective, de ses débuts comme réalisateur en 1989 avec J’ai bien connu le soleil à son dernier film Chienne d’Histoire, internationalement reconnu.

Le Petit Journal – Dans quel cadre s’inscrit votre venue au Brésil, trouvez vous que l’accueil du public brésilien est différent ?
Serge Avédikian – C’est la première fois que je viens au Brésil, mais on n’imagine pas le Brésil comme São Paulo. On pense plus à la baie de Rio mais São Paulo est une ville très moderne, très active. Je suis vraiment très content de découvrir l’Amérique Latine par le Brésil. Et puis le Brésil était un vieux rêve pour moi car quand j’étais jeune j’ai failli être footballeur en Arménie. Mais c’est aussi la samba, la bossanova et puis biensûr le cinéma. C’est avec Orfeu Negro de Marcel Camus que j’ai découvert le Brésil.

Est ce que vous avez choisi de venir présenter votre travail à la Mostra ou est ce une invitation ?
C’est Léon Cakoff (fondateur et président de la Mostra) que j’avais rencontré au Festival du Film de Erevan (Arménie) qui m’a invité. Il y avait vu mon film. Mais forcément quand on a la Palme d’Or cela pousse les gens à s’intéresser à votre travail, tout d’un coup on redécouvre la filmographie de la personne. Derrière un prix, on se rend compte qu’il y a 14 films derrière. Il y a une oeuvre, quelle qu’elle soit, qui commence à être découverte donc ici à la Mostra il y a 12 de mes films qui sont présentés. C’est une vraie première, une rétrospective avec des documentaires, des court-métrages, une sorte de vision assez globale de mon travail.

Quel est le retour que vous avez eu ici par rapport à votre dernier film, Chienne d’Histoire?
J’ai rencontré beaucoup de gens, de jeunes réalisateurs à São Paulo qui étaient très intéressés par la forme. J’ai des films très stylisés, cela touche les gens différement parce que cela sort un peu des sentiers battus, c’est un travail très libre. J’appelle souvent mes films des poèmes cinématographiques. Il y a ce type de cinéma d’animation que j’ai essayé d’élaborer qui ne ressemble pas tellement à d’autres, qui est de la peinture animée mais aussi des intégrations d’images et d’atmosphères autres que la peinture. Cela donne des films particuliers qui traitent de thèmes assez forts. Quant à Chienne d’Histoire mais aussi Ligne de vie et Un beau Matin, ce sont quand même des films décontextualisés. Il y a le rapport de l’Homme au pouvoir, de l’Homme à l’animal donc en ce moment partout dans le monde il y a une interprétation très différente du film mais avec le même axe. Quand un pouvoir veut se servir des chiens comme bouc-émissaires pour assoir sa domination, un peu partout c’est imaginable. Je trouve que quand un film est réussi en tant qu’objet, il est forcément universel.

Quel est selon vous le lien entre cinéma et « devoir de mémoire », puisque certains de vos films relatent des événements historiques ?
Je pense que le cinéma a un rapport à la mémoire qui est immédiat parce que le film est daté, à l’image on identifie facilement l’époque. C’est l’outil par excellence, comme la peinture ou la musique, pour avoir une relation à l’Histoire. On sait que le support d’un film va rester, contrairement à une pièce de théâtre qui passe. Un film normalement est fait pour être vu par beaucoup de gens, pour aller de mains en mains, de salles en salles. On s’adresse au plus grand nombre et donc à une conscience de ce que c’est que de se penser historiquement. Cela veut dire de se situer dans l’Histoire et de situer sa propre histoire à l’intérieur de cette Histoire.

Pourquoi avoir choisi le court-métrage ? Il n’y a pas beaucoup de court-métrage dans le cinéma français, non ?
Si, il y en a beaucoup mais ce qui n’est pas courant c’est que quelqu’un comme moi qui a 55 ans fasse encore des court-métrages. Je considère que le court-métrage n’est pas un art mineur. Souvent on renvoit au court-métrage à l’apprentissage du cinéma. Je trouve au contraire que la forme courte ou moyenne est une condensation stylisée qui permet plus de liberté que le marché du long métrage qui est obligé de passer par l’histoire, la psychologie, des acteurs connus, etc… S’il y a moins de gens qui iront le voir, au moins au départ maintenant en salle et dans les festivals, le court-métrage commence à être de plus en plus vu. Si on fait un parallèle avec la littérature, on pourrait dire que c’est de la poésie ou de la nouvelle mais ils ont l’air plus difficiles d’accès. Le court-métrage est un art à part entière, en peu de temps il faut arriver à exprimer quelque chose de complet et non juste un fragment. J’ai besoin de la forme court pour pouvoir être libre, direct. Dans un temps court, c’est supportable.

Et pourquoi avoir également utilisé l’animation ?
Je considère que les sujets très durs doivent être stylisés fortement, doivent être adoucis par la forme. L’animation est une manière d’aller vers les gens différentes, de ne pas être réaliste dans la réflexion sur la violence. J’aime que la forme soit esthétiquement très puissante pour que le fonds puisse s’exprimer en douceur.

Propos recueillis par Clémentine VAYSSE  (www.lepetitjournal.com – São Paulo) lundi 1er novembre 2010

Séances de rétrospective dans le cadre de la Mostra le mardi 2 novembre à 15h, 17h et 18h50 à la Cinemateca Petrobras (Vila Clementino), plus d’infos sur : http://br.mostra.org/director/187

Concernant Chienne d’Histoire, Palme d’Or du meilleur court-métrage, il est possible de louer le film (0,99€) ou de l’acheter (1,99€) sur le site Arte VOD : http://www.artevod.com/chienne_d_histoire

RENCONTRE – Pierre Rosanvallon, un intellectuel français au Brésil

Professeur au Collège de France et auteur de plus de douze ouvrages diffusés dans le monde entier, Pierre Rosanvallon est un des plus importants politologues et historiens de notre temps. Invité dans le cadre du mois franco-brésilien des sciences humaines et sociales, il nourrit un échange universitaire fructueux et nous parle des mutations de la démocratie

Organisé par l’Ambassade de France, l’ANPOCS et le CENDOTEC, la venue de Pierre Ronsanvallon, accompagné du sociologue Bernard Lahire, s’inscrit dans la volonté d’enrichir le dialogue entre universitaires français et brésiliens. Diverses conférences sont organisées à São Paulo et à Rio, proposant une réflexion sur de nombreux thèmes d’actualité. Pierre Rosanvallon était déjà venu au Brésil présenter ses travaux, en compagnie de son ami et philosophe Claude Lefort, décédé début octobre. A l’occasion de sa venue, une édition spéciale d’un de ses textes a été publié en portugais, Por uma historia do politico.

Analyse de la crise actuelle du politique en France

Interrogé sur l’actualité française, l’intellectuel français explique que selon lui le mouvement actuel n’est pas si exceptionnel mais que les crises de ce type se sont multipliées ces dernières années. Spécialiste de la démocratie, il ajoute que selon lui «les conditions pour une dramaturgie sociale, pour une montée des tensions à l’extrême sont en place ». Il souligne également le « paradoxe du syndicalisme » en France et que bien qu’ayant de très bas de syndicalisation, ils restent très fortement institutionnalisés. Depuis les années 1980, selon lui, les syndicats sont perçus comme représentants les intérêts particuliers tandis que les élus représenteraient l’intérêt général. L’exaspération sociale répondrait à la rigidité politique, seul le pouvoir élu étant perçu comme détenteur d’une légitimité complète. Pour illustrer cela, Pierre Rosanvallon prend l’exemple des conseillers sociaux qui ont été mis hors-circuits depuis quelque temps, phénomène inédit sous la Vème République. « Ce conflit est aussi l’expression d’une sorte de dérive démocratique » ajoute t-il, de nature à la fois politique, social et intellectuel.

Les mutations récentes de la démocratie

Pierre Rosanvallon, en tant qu’historien et politologue, note également que le sens de l’élection a changé de la société, « voter aujourd’hui c’est nommer quelqu’un ». Si la légitimité découle du statut, elle n’apporte pas pour autant de légitimité d’action. Pierre Rosanvallon oppose ce qu’il nomme le « moment électoral » au « moment gouvernemental », deux phases qui ne nécessitent pas  les mêmes qualités de la part de l’homme politique, créant des déphasages. Il aborde en outre le thème des candidats atypiques, en décalage avec les candidats d’antan qui faisaient preuve au contraire de charisme et de capacité. L’historien remarque que si ces candidats de dérision étaient déjà présents à la fin du XIXème siècle, ils ont tendance à se multiplier, incarnant en quelque sorte le « gouvernement des gens quelconques ».

Lors d’une conférence tenue à l’USP, Pierre Rosanvallon a exposé son analyse des métamorphoses de la légitimité démocratique. Selon lui, elle fait partie, avec l’autorité et la confiance, des trois grandes institutions invisibles. Il explique ses mutations par trois grands facteurs, tout d’abord la discontinuité croissante du politique (personnalisation croissante du pouvoir, déclin des idéologies de partis), la révélation de la « fiction-majorité » (changement dans la notion de minorité) et enfin le changement de nature de l’élection. La solution à cette crise de la légitimité résiderait dans la mise en place d’institutions complémentaires, gardiennes de l’intérêt général, sous forme par exemple de commissions indépendantes. Mais cette mise en œuvre est complexe, devant allié généralité et prise en charge des particularismes. Pierre Rosanvallon conclue en expliquant que « plus la démocratie progresse, plus elle doit réfléchir sur elle-même », de l’importance de l’activité démocratique…

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – Brésil) lundi 25 octobre 2010

A noter :

– 34° Encontro Anual do ANPOCS – de 25 a 29 outubro 2010
Caxambu (Minas Gerais) – Hotel Gloria

– Colloque Saint-Hilaire : Première rencontre sur la coopération scientifique franco-brésilienne en sciences sociales – du 3 au 5 novembre à São Paulo (voir Agenda)

 

 

 

 

CARITATIF – A Casa da Crianças, foyer d’accueil pour enfants et adolescents

Association à but non lucratif fondée il y une trentaine d’années, A Casa da Crianças de Santo Amoro accueille actuellement plus de 100 enfants par jour dont 40 sont entièrement pris en charge. Elle donne une seconde chance à des enfants en situation délicate, dont certains attendent d’être adoptés. Parmi les bénévoles de ce foyer d’accueil, se trouvent notamment les « tias » (taties), une quinzaine de françaises œuvrant pour récolter des fonds pour La Casa

Un lieu de vie et d’accompagnement chaleureux

A proximité du quartier chic de Boa Vista, au détour d’une rue, se trouve une maison pas comme les autres. Les enfants y sont rois et chouchoutés, on en oublie parfois leur parcours difficile. L’association compte une vingtaine d’employés et deux types d’accueil sont proposés : d’une part du soutien scolaire et des activités culturelles à la demi-journée pour une soixantaine d’enfants, et d’autre part un foyer d’accueil pour une quarantaine d’enfants retirés de leurs familles, notamment sur décision de justice. Salle de lecture, d’informatique, de jeux mais aussi psychologue et suivi médical, tout ici est fait pour que les enfants se sentent le mieux possible. Il se dit même que le cuistot, Ronaldo, est le meilleur de tout São Paulo !

Des besoins de financement croissants

Avec 30.000 R$ de frais de fonctionnement mensuel, la Casa da Crianças est en recherche constante de nouvelles ressources financières. Grâce au soutien de grandes entreprises comme Carrefour ou Leroy Merlin, les locaux ont commencé à être rénovés. L’association fonctionne surtout sur les donations et l’organisation d’événements. Ainsi, des « bazars » sont régulièrement organisés ainsi que des tombolas au profit du foyer. Une nouvelle loi, la FUANCAD, permet également aux entreprises de reverser 1% de leurs impôts à une association de ce type. Ce soutien est indispensable pour la Casa, dont le but est d’agir à long terme, d’offrir à ces enfants un avenir meilleur. Dona Stella, présidente de l’association, insiste sur le fait qu’il s’agit de bien plus qu’un accueil temporaire mais d’un travail de fond visant à donner aux enfants toutes les chances de s’en sortir. Les enfants hébergés le sont normalement pour une période de 2 ans, les parents étant par ailleurs suivis. Il y a ici aussi des enfants en attente d’adoption. Dans la même rue que la maison des enfants se trouve un foyer d’accueil pour les adolescents qui sont en ce moment au nombre de 8.

Les tias françaises

Au sein de l’association se trouvent différents groupes récoltant des fonds, de toutes nationalités. Les « tias » (taties) sont des bénévoles françaises et sont une quinzaine à s’impliquer dans le foyer. Elles organisent en ce sens des événements pour récolter des fonds. Ainsi, ce samedi aura lieu un Churrasco de bienfaisance au profit de la Casa da Crianças à l’Espace Scandinave à partir de midi (70R$ par adulte). Une tombola se tiendra avec de nombreux lots à gagner. Voici une belle opportunité de se régaler tout en faisant une bonne action.

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo) vendredi 24 septembre 2010

Réservation pour le repas par mail acasadacrianca@hotmail.com ou par téléphone au 8127-2729 (Martine), 8795-3333 (Sylvie) ou 9341-9449 (Céline)

A noter également si vous souhaitez soutenir l’association, la possibilité lors de vos achats de donner le CNPJ de l’association (61054698/0001-12) au lieu du CPF, la détaxation étant reversée directement au foyer.

CULTURE – Conversas do nosso tempo : une belle initiative de l’Alliance Française pour l’échange interculturel

Inviter des intellectuels français et brésiliens à s’exprimer sur des thèmes de société comme la communication, le multiculturalisme ou encore la laïcité, tel est le noble but du cycle de conférences organisé dans plusieurs villes du pays par l’Alliance Française. Gratuites et accessibles à tous, ces conférences sont l’occasion de confronter des points de vue et d’aboutir à un dialogue constructif. Le Petit Journal a assisté à une de ses conférences dont l’intervenant était Jean-Noël Jeanneney, ex-Ministre de la communication et intellectuel oeuvrant pour la protection de la culture

Une démarche humaniste

Le cycle de conférences Conversas de nosso tempo est un projet de l’Alliance Française avec la Chambre de Commerce Franco-brésilienne, le Consulat de France et l’Universo de Conhecimento. Il est composé de trois conférences, chacune présentée dans différentes villes (Rio, São Paulo, Campinas, Brasilia, Campinas, Bello Horizonte, Curitiba). Chaque invité expose son point de vue sur un thème d’actualité préalablement choisi, puis suit un interlocuteur brésilien spécialiste de la question qui exprime à son tour sa position. L’entrée est gratuite pour tous et sans inscription préalable, ainsi parmi l’auditoire on trouve aussi bien des élèves de l’Alliance, des intellectuels, des universitaires ou tout simplement des curieux ouverts sur le monde. À noter également, une traduction simultanée est mise en place ce qui permet aussi bien aux francophones qu’aux lusophones de comprendre l’intégralité des propos.

Jean-Noël Jeanneney ou le point de vue d’un intellectuel sur les espoirs et les craintes que suscite Internet

Énarque, professeur des universités, ex-Ministre de la Communication, directeur de la Bibliothèque Nationale de France, Jean-Noël Jeanneney est bien placé pour parler de la culture et de l’impact d’internet sur celle-ci. La conférence qu’il animait avec Carlos Seabra portait ce thème délicat et les deux interlocuteurs ne semblaient pas tout à fait du même avis. Si Jean-Noël Jeanneney voit en internet tous les possibles avec ce que cela implique comme menaces et dérives, son homologue brésilien y voit plutôt un moyen de développement et d’élargissement de l’accès à la culture. Les propos étaient très clairs, le dialogue fructueux. La conférence avait lieu dans les nouveaux locaux de l’Alliance Françaises à Jardins Trianon, dans une bâtisse magnifiquement aménagée.

Gardez un œil sur le programme !

Une autre conférence est déjà programmée avec Dominique Wolton, directeur du CNRS, sur le thème « Informer n’est pas communiquer » le 22 octobre à Rio et le 26 à São Paulo. Ce cycle de conférence est une très bonne occasion de réfléchir à des problématiques de fond aux nombreux enjeux et offre la possibilité aux protagonistes d’établir des relations entre les deux pays, donnait lieu parfois même à des collaborations sur le long terme. Un projet du même type est déjà prévu en 2011 avec d’autres thèmes tout aussi passionnants et sans doute des invités renommés. C’est l’occasion ou jamais d’avoir un rapport privilégié avec des personnes pas toujours accessibles en France et de réfléchir dans un cadre dépassant notre pays.

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo) lundi 20 septembre 2010

Retrouvez plus d’informations sur le cycle de conférences Conversas do nosso tempo sur le site de l’Alliance Française http://www.aliancafrancesa.com.br/

 

CULTURE – Conversas do nosso tempo : une belle initiative de l’Alliance Française pour l’échange interculturel

 

Inviter des intellectuels français et brésiliens à s’exprimer sur des thèmes de société comme la communication, le multiculturalisme ou encore la laïcité, tel est le noble but du cycle de conférences organisé dans plusieurs villes du pays par l’Alliance Française. Gratuites et accessibles à tous, ces conférences sont l’occasion de confronter des points de vue et d’aboutir à un dialogue constructif. Le Petit Journal a assisté à une de ses conférences dont l’intervenant était Jean-Noël Jeanneney, ex-Ministre de la communication et intellectuel oeuvrant pour la protection de la culture

 

Une démarche humaniste

 

Le cycle de conférences Conversas de nosso tempo est un projet de l’Alliance Française avec la Chambre de Commerce Franco-brésilienne, le Consulat de France et l’Universo de Conhecimento. Il est composé de trois conférences, chacune présentée dans différentes villes (Rio, São Paulo, Campinas, Brasilia, Campinas, Bello Horizonte, Curitiba). Chaque invité expose son point de vue sur un thème d’actualité préalablement choisi, puis suit un interlocuteur brésilien spécialiste de la question qui exprime à son tour sa position. L’entrée est gratuite pour tous et sans inscription préalable, ainsi parmi l’auditoire on trouve aussi bien des élèves de l’Alliance, des intellectuels, des universitaires ou tout simplement des curieux ouverts sur le monde. À noter également, une traduction simultanée est mise en place ce qui permet aussi bien aux francophones qu’aux lusophones de comprendre l’intégralité des propos.

 

Jean-Noël Jeanneney ou le point de vue d’un intellectuel sur les espoirs et les craintes que suscite Internet

 

Énarque, professeur des universités, ex-Ministre de la Communication, directeur de la Bibliothèque Nationale de France, Jean-Noël Jeanneney est bien placé pour parler de la culture et de l’impact d’internet sur celle-ci. La conférence qu’il animait avec Carlos Seabra portait ce thème délicat et les deux interlocuteurs ne semblaient pas tout à fait du même avis. Si Jean-Noël Jeanneney voit en internet tous les possibles avec ce que cela implique comme menaces et dérives, son homologue brésilien y voit plutôt un moyen de développement et d’élargissement de l’accès à la culture. Les propos étaient très clairs, le dialogue fructueux. La conférence avait lieu dans les nouveaux locaux de l’Alliance Françaises à Jardins Trianon, dans une bâtisse magnifiquement aménagée.

 

Gardez un œil sur le programme !

 

Une autre conférence est déjà programmée avec Dominique Wolton, directeur du CNRS, sur le thème « Informer n’est pas communiquer » le 22 octobre à Rio et le 26 à São Paulo. Ce cycle de conférence est une très bonne occasion de réfléchir à des problématiques de fond aux nombreux enjeux et offre la possibilité aux protagonistes d’établir des relations entre les deux pays, donnait lieu parfois même à des collaborations sur le long terme. Un projet du même type est déjà prévu en 2011 avec d’autres thèmes tout aussi passionnants et sans doute des invités renommés. C’est l’occasion ou jamais d’avoir un rapport privilégié avec des personnes pas toujours accessibles en France et de réfléchir dans un cadre dépassant notre pays.

Dominique Wolton

 

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo) lundi 20 septembre 2010

 

Retrouvez plus d’informations sur le cycle de conférences Conversas do nosso tempo sur le site de l’Alliance Française http://www.aliancafrancesa.com.br/

INSOLITE – La Fusca, fierté nationale

Vocho au Mexique, Käfer en Allemagne, Beetle ou Bug en Angleterre, Coccinelle en France et Fusca ici, la plus célèbre des Volkswagen jouit sur le territoire brésilien d’un popularité à peine croyable. Elle côtoie quotidiennement dans les rues des grandes villes ou sur les routes de campagne les « jeunettes » à qui elle n’a rien à envier. Jadis voiture populaire, elle compte aujourd’hui de nombreux fans brésiliens, les « fuscamaniacos ». En voiture !

Un éclat nouveau sous le soleil du Brésil
C’est en 1959 que sont construites les premières Fuscas sur le sol
brésilien. Auparavant, elles étaient relativement rares ici car elles étaient importées en pièces d’Allemagne. Jadis dénommée Sedan,
le surnom de Fusca est donné à la plus célèbre des voitures allemandes en 1979 mais ses origines restent obscures, on parle
d’une dérive de prononciation de Volkswagen. Avec ses courbes voluptueuses et sa mécanique simplissisme, la voiture alors bon marché séduit très vite les Brésiliens pour qui elle est très accessible.

Au fil des ans, la voiture subit des modifications et les modèles construits de ce côté de l’Atlantique ne sont pas tout à fait les mêmes qu’en Europe. Après une pause dans les années 80, en 1993, la production de Fuscas reprend sur le sol brésilien selon la volonté du président Hamar Franco. Elle cessera définitivement en 1996 avec une ultime série limitée dont chaque exemplaire est numéroté. Au total, plus de 3 millions de Fuscas ont été produites au Brésil. La Coccinelle est sans aucun doute pour les Brésiliens ce que la 2CV est pour les Français : une voiture de légende. Elle a même son jour national au Brésil : le 20 janvier !

La fuscamania
Parmi les nombreuses Fuscas encore en circulation aujourd’hui, certaines sont de collection et sont bichonnées par leurs propriétaires. La plus grande association de propriétaires de voitures Volkswagen, le Fusca Clube do Brasil, compte pas moins de 15.000 membres dans tout le pays et vient de fêter son 25ème anniversaire. C’est lui qui attribue notamment le certificat d’authenticité aux plus belles voitures encore en état et respectant tout un ensemble de critères.

La tendance est à la remise en état d’origine plutôt qu’à la customisation. Ainsi, les voitures rénovées le sont en respectant le modèle et la couleur d’origine (de majorité beige). Retaper entièrement une Fusca coûte en moyenne entre 10.000 et 15.000 R$, cela nécessite le recours à un mécanicien spécialisé et beaucoup de patience car réunir toutes les pièces peut prendre beaucoup de temps. Tout y passe : chassis, carrosserie, moteur, intérieur… Mais le jeu en vaut la chandelle !
Marcello, fuscamaniaco, possède 4 Fuscas dont 2 sont actuellement au garage pour subir un « lifting ». Elles ont toutes un nom : Brastemp, Amarelinho, Cerejinha et Taturana. Il utilise chaque jour une de ses merveilles, Cerejinha – splendide modèle rouge de 1969, moteur 1300 – pour se rendre à son travail. Incroyable, le poste-radio d’époque fonctionne encore !

L’aventure vous tente ?
Attention, vous devez savoir que chaque Fusca est unique, qu’elle a sa propre histoire. Les prix varient énormément en fonction du modèle, de l’année, de l’état bien sûr mais aussi de l’endroit du pays où vous l’achetez. S’il est encore possible de dégoter par chance une Fusca pour 5.000 R$, il faut compter au moins 10.000 R$ pour une voiture qui tienne la route mais les prix grimpent vite, notamment pour les voitures ayant été rénovées ou celles en série limitée.
Trouver la perle rare est un véritable casse-tête car les heureux propriétaires ne les vendent souvent qu’à contre-coeur. Et aussi élégante soit elle, la belle n’a ni la climatisation, ni la direction assistée et elle est selon certains relativement inconfortable, ce qui peut poser problèmes pour les non amateurs. Mais vous pouvez toujours profiter du charme de cette voiture de légende lors d’une
balade touristique en Fusca dans les rues de Rio.
Alors oubliez les embouteillages de São Paulo et laissez vous bercer par le doux ronronnement du moteur d’une somptueuse Fusca pour un voyage dans le temps assuré !

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – Brésil) lundi 4 octobre 2010

ENVIRONNEMENT – São Paulo, deux ans après la loi antipollution visuelle

Vous ne le remarquez peut-être plus et pourtant… Ce n’est pas rien. Les rues de la ville sont dépourvues depuis janvier 2007 de toutes formes de publicité. Louée par certains, contestée par d’autres, la loi Cidade Limpa luttant contre la pollution visuelle ne semble laisser personne de marbre

Si Andy Warhol affirmait que « toute publicité est une bonne publicité », elle est parfois devenue quelque peu envahissante. Les affiches publicitaires ont envahi toutes les métropoles et il y a encore trois ans à São Paulo, les excès de tout type se côtoyaient : publicités couvrant plusieurs étages sur les façades des immeubles, poteaux recouverts d’affichettes, distribution de flyers à chaque coin de rue… Si on peut zapper à la télévision, tourner la page d’un magazine ou encore changer de station radio pendant les créneaux publicitaires, on ne peut pas échapper aux affiches publicitaires dans la rue. De cette nuisance que constituent la « pub » et ses dérives est née la volonté politique de la réglementer.

Genèse d’un projet audacieux

L’idée de base n’était pas aussi radicale que l’interdiction pure et simple mais était plutôt d’encadrer la publicité dans les rues de la ville. Ainsi, le maire de la ville, Gilberto Kassab propose t’il au début de l’année 2006 une mesure concernant la publicité sur le mobilier urbain (kiosques à journaux, bus, taxis, abris bus…). Mais devant la complexité de déterminer les limites, émerge le projet d’une suppression générale de la publicité. D’abord minoritaire, le maire parvient à convaincre la chambre et la loi entre en application le 1er janvier 2007 malgré un recours pour inconstitutionnalité débouté. On imagine la colère des annonceurs publicitaires qui se voient ici privés d’une grande source de revenus. Presque 800 agents municipaux veillent à l’application stricte de la loi, les contrevenants risquant une amende de 10 000 R$.

São Paulo « libérée »

Une fois débarrassée de toutes ces publicités, São Paulo n’est plus la même et l’on redécouvre enfin son architecture et ses couleurs. Les effets sont très vite visibles, les habitants respirent et approuvent la mesure. Cela inspire même des artistes comme le photographe Tony de Marco qui fait plusieurs expositions de clichés montrant les panneaux publicitaires démontés. La presse internationale s’intéresse à cette loi inédite pour une ville d’une telle taille. D’autres villes commencent à étudier la question de la lutte contre la pollution visuelle comme Paris ou Rome, ce qui redonne de l’espoir aux grandes associations écologistes qui dénoncent les dérives publicitaires.

Toutefois, le caractère très restrictif de cette mesure ne va pas sans poser problème, surtout en période de campagne électorale. Ainsi, de légers aménagements ont été prévus mais les mécontentements se font entendre. Les publicitaires, eux, tentent de faire preuve de créativité pour pallier ces pertes et de nouveaux supports apparaissent. Peut-être ainsi avez-vous croisé des voitures bardées de publicité ou les fameux hommes-sandwichs ?

Quoi qu’il en soit, la ville a su se distinguer en montrant qu’elle était prête à faire des sacrifices pour le bien-être de tous et le problème de la pollution visuelle est désormais réglé. Mais comme quelques sceptiques ont dénoncé le caractère assez énigmatique de cette mesure dans une ville qui a bien d’autres défis à relever, il faut bien reconnaître qu’il reste celui, bien plus délicat, des autres pollutions.

Clémentine VAYSSE (www.lepetitjournal.com – São Paulo) mardi 21 septembre 2010